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plus que les valets. Et M. Floreau de Bercaillé regrettait l’effet de ce raffinement, car il se sentait dans l’humeur je ne sais quoi de facétieux et de burlesque que le malheur des temps, comme il disait, le forçait à garder pour lui. Il avait dû s’exercer, pour vivre, à un talent qui n’était pas le sien. Néanmoins, il s’efforçait de faire bonne figure à ces contraintes et de donner à ses compositions toute la politesse et toute la convenance possibles, afin de leur gagner le suffrage des amateurs.

Madame la marquise de Preignelay, qui protégeait M. Floreau de Bercaillé, était intraitable sur ce point. Un mot bas ou trivial l’offusquait cruellement ; aussi M. de Bercaillé n’en risquait-il guère en sa présence, car il avait déjà à se faire passer sa mine, qui n’avait rien de relevé, et le parfum de bouc de sa personne, qu’il fallait bien toute la mythologie de ses vers pour qu’on y vît une ressemblance avec ces faunes et ces sylvains de la fable, dont il employait fort bien les personnages dans les figures de ses ballets. Heureusement que M. le marquis de Preignelay se montrait de meilleure composition que sa femme, étant d’un temps où l’on s’était égayé à ce qu’on réprouvait aujourd’hui et dont il se souvenait de s’être diverti dans sa