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aussi capable que personne de faire son salut.

M. Le Varlon de Verrigny se tut un instant, puis il reprit :

– Une circonstance que je ne vous raconterai pas et que vous savez sans doute arriva… Ce péché, que je croyais insurmontable, perdit tout d’un coup pour moi son attrait funeste. Je profitai de ce répit et j’accourus à la solitude. Vous m’y vîtes entrer, et c’est vous-même qui me réveillâtes sur ce banc du parloir où je dormais, tout assommé encore et tout abasourdi du brusque effet d’une grâce inespérée. Vous m’avertîtes alors de prendre garde aux retours du vieil homme. J’attendis qu’il donnât quelques signes. Il ne reparut point. Ah, monsieur, quelle fut ma joie ! Celle de quelqu’un qui se pense sauvé et qui, s’il a encore à effacer les torts de son passé, est certain au moins de son avenir.

M. Le Varlon de Verrigny s’était levé et se tenait debout devant M. de La Bégissière. Il lui cria :

– La bête est morte, monsieur, la bête est morte, et j’en porte devant moi la dépouille pesante et inanimée, et seriez-vous, monsieur, au lieu d’un vieillard vénérable une femme toute nue que je ne