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songé à vous demander tout franchement de me confier ce qui vous agite et vous déconcerte.

M. Le Varlon de Verrigny fit, sur le banc où il était assis, un mouvement qui le tourna vers M. de La Bégissière.

– Il se pourrait, – continua M. de La Bégissière, – que ma demande vous parût bien hardie et même importune, et je ne m’en étonnerais certes pas. N’avons-nous point ici d’habiles gens qui excellent à la conduite des âmes et savent mieux que quiconque ce qu’il leur faut ? Nos confesseurs et nos directeurs sont admirables. Ils possèdent, de la religion, le fin du fin et ils en raisonnent dans son principe et son détail. N’est-il bien singulier d’un pauvre jardinier comme moi de se vouloir mêler de leurs affaires ; mais leur sainteté même et leur éloignement du monde m’engagent à vous offrir mon humble conseil. Le péché qui vous a conduit ici ne leur est guère connu que par ouï-dire, tandis que moi, j’ai eu le malheur de le commettre assez pour être capable, sinon de vous donner un bon avis, au moins de compatir à votre peine et à ses combats, car c’est de quelque trouble de cette espèce que provient le chagrin où je vous vois.