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Bégissière était heureux et il cherchait à communiquer son plaisir à M. Le Varlon de Verrigny, mais, depuis quelque temps, M. Le Varlon de Verrigny paraissait anxieux et abattu. Il restait de grands moments distrait ou absorbé, non de cette sorte d’absence ou de retirement en soi où l’on est, quand on fait oraison, mais de celle qui indique que l’on réfléchit à des sujets involontaires. Il se passait certainement quelque chose en M. Le Varlon de Verrigny. Non qu’il donnât le moins du monde l’idée d’un homme qui faiblit en son propos ! Au contraire. Il redoublait de pénitences et d’austérités et se montrait de plus en plus dur à soi-même, mais il avait perdu ce contentement et cette belle humeur qui marquaient les premiers temps de son séjour dans la solitude, cette sorte d’allégresse à être sorti du péché, cet air riant répandu sur toute sa large figure, comme si elle eût été tournée continuellement vers le soleil levant d’une autre vie.


Un jour qu’il travaillait au jardin, sous le grand soleil, il avait laissé sa bêche plantée en terre et s’était retiré à l’abri d’une charmille pour y chercher un peu d’ombre. Assis sur un banc, il demeurait