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bonhomme La Bégissière. Ni la neige qui couvrait la terre, ni la gelée qui durcissait le sol, ni la boue où clapotaient ses sabots n’arrêtaient son zèle et ne rebutaient son ardeur. Aucune charge ne pesait trop lourd à ses épaules. M. Le Varlon de Verrigny se piquait d’émulation. Il voulait son fagot aussi gros que celui de M. de La Bégissière, de sorte qu’ils revenaient tous deux, chargés de branches, côte à côte, et parfois emmêlant leurs charges à ne pouvoir se dépêtrer. Et M. de La Bégissière ne déposait pas sa branchée sans répéter que c’était là autant de bois pris au brasier du Purgatoire et qui, au moins, ne leur rôtirait pas les côtes, quand il leur faudrait passer par sa flamme avant d’aller prendre leurs places au paradis.

M. Le Varlon de Verrigny riait fort à ce propos de M. de La Bégissière. Au fond, il espérait même se tirer du purgatoire. Justement pour cela, il travaillait avec M. Ravaut, chantait au chœur et ramassait du bois mort avec M. de La Bégissière. N’avait-il pas à cet effet renoncé au monde ? Sa conversion n’avait-elle pas été entière et complète. À ce sujet même il s’étonnait de la facilité avec laquelle il avait rompu les liens d’un péché qui lui avait été si ordinaire et si continu et qui lui avait tout à