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sorte que le paradis commençait pour lui dès maintenant.

Le premier à se réveiller le matin, au point du jour, à l’appel du petit valet qui parcourait le corridor avec sa lanterne, en frappant de porte en porte, aussitôt il sautait pieds nus sur le carreau. Il s’habillait sans aucune aide et avec beaucoup d’adresse. Il devait, il est vrai, cette habitude au commerce des femmes. Il lui avait bien fallu se mettre nu à n’importe quelle heure du jour et retrouver ses vêtements dans le désordre où il les avait quittés pour être plus à l’aise. Et il remerciait Dieu d’avoir tourné à sa louange et à son service cette habitude d’un temps où il obéissait à son corps et où il pensait peu à son âme. Il éprouvait quelque consolation à songer que ses déportements passés lui avaient au moins appris à savoir ajuster ses bas et ses culottes et boutonner son justaucorps sans le secours de personne. Pas besoin qu’on lui tendît sa chemise et qu’on lui nouât sa cravate. Quant à sa perruque, il y avait renoncé. Il portait ses cheveux au naturel. Une fois prêt, il se chaussait de gros souliers et, après avoir prié Dieu, il commençait sa journée.