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hanches égales, un ventre poli et des cuisses fermes que prolongeaient des jambes bien faites et des pieds bien façonnés.

Il avait suffi à M. de Bréot, pour être à même de jouir de tous ces agréments, qu’il vînt plusieurs fois dans la boutique de maître Géraud, luthier, à l’enseigne de la Lyre d’argent. Il y était entré une fois par hasard et il avait pu constater que les chalands y trouvaient bon accueil. L’aimable Marguerite Géraud s’efforçait de satisfaire à chacun et de lui donner l’idée que la Lyre d’argent est la boutique la mieux pourvue et la plus avenante du quartier.

M. de Bréot fut assez de cet avis. Il y a, en effet, quelque plaisir, quand on achète quelque chose, à être servi avec gaieté et empressement et à voir l’argent que l’on débourse pour son emplette passer non point à des doigts crochus qui semblent vouloir vous griffer, mais à des mains qui paraissent vouloir l’accepter plutôt en souvenir de vous que comme le prix même de ce qu’il solde. Et c’est justement l’impression que savait donner l’accorte luthière, tant elle mettait de bonne grâce à son métier. Aussi M. de Bréot venait-il assez souvent à la Lyre d’Argent.