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avec qui elle avait joué étant petite, et qui, lui aussi, cherchait fortune à Paris. Il n’y avait point rencontré cette déesse capricieuse, mais une autre divinité lui était apparue sous les traits de mademoiselle de Barandin.

» Mademoiselle de Barandin n’avait pas osé déclarer son amour à cause de la pauvreté de monsieur de Cérac. Ils attendaient pour cela quelque occasion favorable. La demande de monsieur le duc de Grigny en fut une qui ne leur laissa pas le choix.

» Il y avait peu de chances que les parents de mademoiselle de Barandin sacrifiassent monsieur de Grigny à monsieur de Cérac ; mais elle obtint d’eux, à force de larmes et prières, que monsieur le duc de Grigny fût averti de l’état de son cœur, à quoi monsieur et madame de Barandin eurent peine à consentir, mais sur quoi mademoiselle de Barandin comptait beaucoup pour décourager monsieur de Grigny de son amour pour elle, par la pensée que ce sentiment ne pouvait être partagé d’une personne qui avouait si franchement et si haut qu’elle aimait ailleurs. Monsieur de Grigny apprit la chose sans s’émouvoir et fit dire à mademoiselle de Barandin qu’il ne renonçait nullement à elle et qu’il ferait ce qu’il faudrait pour le lui prouver. Il le fit, en effet, à