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le concert quand on les en priait ; que, si je prouvais quelques dispositions, il se faisait fort d’en tirer parti, et que je serais vite en état de lui rendre service. Il termina en me déclarant qu’il s’appelait maître Jean Pucelard et qu’il habitait aux Trois-Degrés. Et ce fut ainsi, monsieur, que je sortis de cet enclos avec maître Pucelard, qui m’avait confié sa flûte à porter et je la portais, vous pouvez m’en croire, comme si elle eût été toute en or.

» Ce Pucelard était un excellent petit homme. Sa flûte aux doigts, il devenait le plus sérieux du monde et jouait, les yeux baissés, avec beaucoup de gravité ; mais, une fois l’instrument dans son étui, il se montrait volontiers guilleret et facétieux et s’égayait aisément. J’allais chaque matin à ses leçons, avec une ardeur incroyable. Dès les premières, il voulut bien se dire content de moi. Il me promit que, si je lui continuais mon assiduité, je pourrais parvenir, non point à l’égaler, mais à ne pas faire trop de honte à un maître tel que lui. La vérité est que mes progrès furent rapides et qu’au bout d’assez peu de temps, non seulement je sus lire la note et connaître les clés, mais je fus capable d’exécuter convenablement ma partie dans la petite troupe de musique que maître Pucelard