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Et signes du silence où quelqu’un est vivant !
Vous avez dit que tout est mort
Et qu’il n’y a plus rien en face de notre âme !

Sur les mers de houles et d’or
Levez les rames,
Et chantez dans la nuit et voguez dans le vent
Sans voir ce que je vois moi qui saigne à l’avant
Du navire où vous avez cloué ma chair
D’Argus mystérieux où chaque clou
Ocelle un œil qui saigne et voit, Paon de la Mer,
Moi qui trône et roue
De toutes mes blessures bleuâtres sur la proue !
Car je les vois,
Car je la vois,
J’entends leurs voix,
J’entends sa voix,
Il y a des Sirènes sur la Mer,
Une Sirène sur la Mer !