Page:Régnier - Les Jeux rustiques et divins, 1897, 2e éd.djvu/248

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
244
LES JEUX RUSTIQUES ET DIVINS


NUIT D’AUTOMNE


Le couchant est si beau, parmi
Les arbres d’or qu’il ensanglante,
Que le jour qui meurt à demi
Retarde sa mort grave et lente.

Le crépuscule sur les roses
Est si pur, si calme et si doux
Que toutes ne se sont pas closes
Et que j’en cueille une pour vous.

Les feuilles chuchotent si bas,
Une à une ou toutes ensemble,
D’arbre en arbre qu’on ne sait pas
Si tu ris ou si le bois tremble.

La rivière coule si douce.
Entre les roseaux bleus des prés,
Si douce, si douce, si douce
Qu’on ne sait pas si vous pleurez.