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L’OUBLI SUPRÊME


Que m’importe le soir puisque mon âme est pleine
De la vaste rumeur du jour où j’ai vécu !
Que d’autres en pleurant maudissent la fontaine
D’avoir entre leurs doigts écoulé son eau vaine
Où brille au fond l’argent de quelque anneau perdu.

Tous les bruits de ma vie emplissent mes oreilles
De leur écho lointain déjà et proche encor ;
Une rouge saveur aux grappes de ma treille
Bourdonne sourdement son ivresse d’abeilles,
Et du pampre de pourpre éclate un raisin d’or.