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L’humidité qu’il répandait lui faisait des bords verdoyants. Un pont l’enjambait de ses arches. La nuit venait vite. Mon compagnon ne parlait plus et je voyais à mon côté sa forme noire se sculpter sur l’ombre environnante. Arrivés au bout du pont dont le cailloutis sonnait fort sous les sabots, il s’arrêta brusquement devant une lanterne qui pendait à un poteau. En le regardant, je me demandais si l’homme qui me tendait la main était bien l’étrange discoureur de tout à l’heure. Son visage me semblait diffèrent, sa chevelure et sa barbe sombres ne rutilaient plus ; il se dessinait svelte et élégant et ce fut d’un sourire plein de politesse qu’en me quittant il me dit son nom, au cas où il me plairait, durant mon séjour à Ochria, d’y retrouver Adalbert de Nouâtre.


*


La première personne que visita à Ochria M. d’Amercœur ne fut point M. de Nouâtre. Le souvenir même de ce singulier personnage s’effaça quelque peu de son esprit ; il ne se préoccupa guère de le relancer et se passa fort bien de le rencontrer. Il ne le vit ni à la pro-