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orgie ; les sages quadrilles finissaient en sarabandes ; les intrigues de jadis se poussaient au scandale.

Polydore, imperturbable, menait ce vertige, le sourire aux lèvres, une rose à la boutonnière. La contagion gagna les campagnes. Un à un, les châteaux, calmes au bout de leurs allées d’arbres, engourdis parmi leurs pièces d’eau, corrects au fond de leurs parcs, s’illuminèrent. Les salles de danse se rouvrirent. Les girandoles s’enguirlandèrent. Le carrosse de fête et la berline de voyage se croisèrent sur les routes pour l’apparat ou l’enlèvement. On bâtissait. L’échelle du maçon appliquée au mur favorisait l’escalade du galant : il y eut des mascarades.

Un matin, les barques où les élégants venaient chaque jour prendre de Polydore l’ordre de la journée, restèrent muettes. Les passerelles ne s’abaissèrent pas ; le petit singe ne monta pas grimacer au haut du mât. Tout semblait dormir. A midi personne n’avait paru. On commença à s’inquiéter. Ces beaux messieurs causaient entre eux avec animation. L’absence de Polydore les étonnait moins que la désertion des domestiques. A la fin on prit le parti de visiter les bar-