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LA COUPE INATTENDUE
A FERNAND GREGH

Passant, accepte de ma main cette coupe. Le cristal en est si pur qu’elle semble façonnée de l’eau même qu’elle contient. Bois-y, lentement ou vite, selon ta soif. La journée fut chaude, car le crépuscule reste si tiède qu’on croirait que le jour n’est pas mort. Par quel chemin as-tu passé ? Viens-tu des rives du fleuve ou des marais saumâtres ou des plages de la mer ? As-tu brisé des roseaux, marché dans la vase ou foulé des sables mous ? Tu as mis longtemps à venir : c’est pour cela que tu me rencontres. Je crains le jour. Les voyageurs du soir me rencontrent seuls. Je crains le jour. Ma robe tombe en plis moins harmonieux le long de mon corps amaigri ; si ma chevelure paraît encore riche et rousse, c’est son automne qui la pare. Le fard de mon visage le rend