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conque. La mer en dépose de charmantes sur le sable des plages, parmi les algues doucereuses, un peu d’eau et des coquilles. Une nacre, çà et là à vif sous leur écorce, en irise les luxueuses plaies, et leur forme est d’une malice si mystérieuse qu’on s’attend à entendre chanter à son oreille les Sirènes. L’écho indéfini de la mer y murmure seul et ce n’est en lui que le flux de notre sang qui y imite le cri intérieur de nos destinées.

Mais un miroir vaudrait mieux certes. Je suis sûr que mon peintre en enguirlanderait le cadre ovale de fleurs ingénieuses et qu’il saurait contourner autour de la poignée le nœud de quelque serpent caducéen.

Mon ami n’a pu se prêter à ma fantaisie. La sienne est de ne plus peindre et de vivre — comme j’ai vécu — les longues heures de son silence, tourné vers le visage de ses songes.