travers les rues de Vicence, je revenais m’asseoir à la porte de notre boutique, sur une grosse borne qui était là et où j’établissais mon observatoire. J’y demeurais indéfiniment, écoutant retentir le marteau de mon père ou résonner la voix de ma mère. Mon père battait son cuir en cadence et ma mère accompagnait souvent de quelque ariette la course distraite de son aiguille, mais le principal attrait du poste que j’avais adopté était la vue qu’on y avait de la façade du palais Vallarciero, situé, comme je l’ai dit, juste en face de chez nous. La rue est assez étroite en cet endroit et l’énorme masse du palais Vallarciero y dresse avec majesté ses hautes fenêtres, ses colonnes plates, ses statues et toute sa riche et emphatique décoration due au compas de notre grand Palladio. Avec quelle curiosité mes yeux restaient fixés sur cette façade et sur la vaste porte qui donnait accès dans la cour intérieure ! Cette porte exerçait
Page:Régnier - L’Illusion héroïque de Tito Bassi, 1917.djvu/37
Cette page a été validée par deux contributeurs.