affront, et ceux qui, chaque soir, sur le tréteau, renouvelaient mon supplice de les devoir supporter en silence… Mais Pierina s’était habituée, dès longtemps, à considérer mon humiliation quotidienne et la rancœur qu’elle me causait comme les effets d’un caractère malencontreux. Qu’avais-je donc à me plaindre de recevoir des coups de bâton, puisque j’y trouvais le moyen de lui procurer les mille petites douceurs dont elle était friande ? Y avait-il là de quoi en demeurer morose et taciturne ? Puisque j’étais ainsi, elle n’entendait pas s’en préoccuper et se conformer à mon hypocondrie. Aussi prétendait-elle bien ne point passer cette soirée en tête-à-tête avec moi, dans une mauvaise chambre d’auberge, tandis qu’à deux pas de nous toute la jeunesse aisée de Vicence paradait sur la Piazza dei Signori et s’attablait gaiement dans les cafés.
Certes, j’aurais dû m’opposer à cette fantaisie de Pierina et je l’eusse fait sans doute,