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traire quelqu’un de moins laborieux que mon père, car il se faisait au palais Vallarciero un va-et-vient continuel de gens de toutes sortes, mais mon père demeurait fort indifférent à ce spectacle et ne levait guère la tête de sur son ouvrage. Ma mère, qui parfois l’en complimentait doucement, prétendait qu’il n’en avait pas été toujours ainsi et que mon père avait eu jadis l’ouïe plus fine qu’aujourd’hui. Elle racontait en riant qu’en ce temps-là elle ne pouvait mettre le pied dans la rue que le choc de son talon sur la dalle ne fît dresser l’oreille à un certain Ottavio. À peine avait-il entendu le bruit de la fine semelle que le sang lui montait au visage et que son marteau cessait de battre le cuir, si bien que, lorsqu’elle passait devant la boutique, elle voyait deux yeux fixés sur elle avec un feu qu’elle ne pouvait pas ne point remarquer. Et, comme ce manège l’amusait, elle ne manquait pas de se prêter à ce qu’il se renouvelât assez fré-