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de suppléer à la médiocrité de mon destin. À défaut de ce que j’eusse voulu être moi-même, n’avais-je pas essayé de l’emprunter aux sublimes personnages de l’histoire et de la fable ? Mais la fortune marâtre m’avait arraché des épaules l’habit de parade que j’avais endossé imprudemment. De ses mains brutales, je sortais nu. Et, je songeais aux circonstances de ma vie, à mes vagabondages exaltés de polisson, à l’incendie du palais Vallarciero, à mon studieux séjour chez l’abbé Clercati, à mes rêvasseries valeureuses du Monte Berico, à mon entrée à la Rotonda, en qualité de génie, à la fatale soirée du Théâtre Olympique où venait de s’écrouler, sous les huées, le fragile édifice de ma fortune, et à l’injurieux coup de pied qui avait mis fin à la brève carrière de Tito Bassi, tragédien.

Et, à cette heure, ton avenir t’apparaissait dans toute son ironie, pauvre Tito Bassi ! C’était vers de nouveaux coups de pied et vers