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gnerais Padoue où il ne tarderait pas à me rejoindre. À Padoue, je devais ne point quitter le logis qu’il m’indiquerait et ne parler à personne. Au fond, le signore Capagnole craignait que Sa Seigneurie, sa colère apaisée, ne se ravisât et ne revînt sur le jugement qu’elle avait porté de moi, et il trouvait prudent de mettre à l’abri un sujet sur lequel il comptait.

Je suivis donc, de point en point, les ordres du signore Capagnole. Au jour tombant, muni de quelques hardes, je gagnai sans encombre la campagne, mais avant de prendre le chemin de Padoue, il me vint à l’idée de revoir une dernière fois ce Monte Berico où j’avais passé tant d’heures à caresser mes chimères. Il faisait justement, ce soir-là, un très beau clair de lune qui favorisait mon projet et ce fut à la clarté de l’astre que je gravis la pente du mont. Arrivé à l’endroit où je m’étais assis si souvent, du temps que j’étudiais le latin avec le bon abbé Clercati, je m’arrêtai. La beauté