tait particulièrement odieuse, tant je concevais pour moi-même un singulier respect. Il me venait des personnages illustres que je ne cessais de représenter et des grands événements imaginaires ou historiques auxquels je me trouvais continuellement mêlé. Il me venait aussi des costumes que je portais et aussi des lieux que j’habitais. Tout cela, je le répète, développait en moi un orgueil composite dont j’étais comme ensorcelé. Ce désir d’héroïsme, qui avait toujours été l’instinct secret de ma nature et auquel les circonstances s’étaient longtemps montrées contraires, s’épanouissait en moi, à présent, avec une merveilleuse facilité. De plus, j’étais infatué par la persuasion de mon génie. Les louanges du seigneur Alvenigo étaient responsables de la vanité qu’elles me donnaient. Il ne cessait de me corner aux oreilles que je serais un jour un des plus grands acteurs de toute l’Italie et que j’éclipserais, quand je voudrais, tous mes
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