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sait partie de l’apprentissage dont ma mère attendait de si heureux résultats. Il me fallut quitter l’appartement que nous occupions et en choisir un autre plus conforme à mon nouveau genre de vie. C’est à cette époque que je me suis installé rue de la Baume. Ces soins divers accomplis, de quelle lourde tristesse ne me sentis-je pas accablé ! Au bout de quelques mois, je suppliai ma mère de revenir. Je ne pouvais m’habituer à ma solitude ; je n’avais que faire de ma liberté. Ma mère tint bon et me conseilla de voyager.

Je lui obéis. Ce fut la date de mon premier voyage en Italie, et je dois reconnaître que j’en éprouvai un grand bien. Certes, en route, j’eus des heures d’ennui et de découragement, mais l’effet des deux mois que je passai à Milan, à Venise, à Florence, à Rome me fut salutaire. À mon retour, je me sentis assez bien pour ne pas craindre, en allant embrasser ma mère à Clessy, de raviver trop cruellement le chagrin que m’avait causé sa décision. Nous nous revîmes avec joie. Quand je lui eus raconté les péripéties de mon voyage, elle me confia la façon dont elle avait organisé, elle aussi, sa nouvelle existence et les occupations qu’elle s’y était données. La principale était les soins continuels dont elle entourait Mme  de Préjary. Ils lui prenaient une grande partie de sa journée, de telle sorte que ma mère n’avait pas le temps de s’ennuyer à Clessy. D’ailleurs, cette petite ville lui plaisait par son calme et son silence, et la vieille maison délabrée et tranquille de Mme  de Préjary con-