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la Vraye et parfaicte Science des Armoiries, du sieur Paillot, Bourguignon ?

C’est un livre amusant que ce gros in-folio, avec ses planches de blasons, fort bien gravées, qui font défiler sous les yeux toutes sortes d’emblèmes bizarres, de figures hétéroclites et d’animaux saugrenus. La fantaisie des héraldistes est vraiment inépuisable et le sieur Paillot en consigne toutes les singularités.

Au cours de ce divertissement inoffensif, je suis tombé sur les armoiries d’Antoine Potier, sieur de Sceaux et greffier des ordres du Roi Louis XIII. Or, le sieur Potier porte dans ses armes un serpent ailé à double tête qui ressemble assez à celui que Pompeo Neroli, le relieur siennois, a gravé sur les plats du volume dont il m’a fait présent. Me voici donc, maintenant, grâce aux commentaires du savant Paillot, en mesure de savoir que ce monstre, d’ailleurs d’un aspect fort décoratif, s’appelle un « Amphisbène », ce qui veut dire, étymologiquement, qu’il marche aussi bien en avant qu’en arrière. Notre généalogiste le définit d’après Pline et Aelian. L’Amphisbène est donc, au dire de ces deux autorités, un serpent monstrueux, avec une tête à chaque extrémité du corps, et qui marche aussi bien à reculons qu’en avant. Ajoutons que le dictionnaire de Trévoux nous apprend que l’on rencontre de ces Amphisbènes dans les déserts de la Lybie, et que l’on en trouva des figures représentées dans la tombe du Roi Chilpéric à Tournai, quand on l’ouvrit !