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porte garnie de gros clous et de lourdes ferrures. La maison se trouvait au fond d’une impasse sordide. Nous attendions, les pieds dans un ruisseau. Au bout d’un certain temps, la porte s’entrebâilla et laissa filtrer un rai de lumière. Hassan prononça quelques mots en arabe et la porte s’ouvrit tout à fait. Une vieille femme s’effaça contre le mur pour nous laisser passer. Hassan lui avait pris des mains la lampe de cuivre qu’elle tenait et nous précédait pour nous éclairer. Nous montâmes ainsi, à la file, les marches d’un mauvais escalier. Au haut de l’escalier, une draperie écartée, nous pénétrâmes dans une salle assez spacieuse. Des divans recouverts de tapis et garnis de coussins en faisaient le tour. Je m’y laissai tomber, accablé de lassitude. La vieille femme parlementait de nouveau en arabe avec Hassan. Au plafond se balançait une lanterne.

Cependant la vieille avait disparu. Hassan, avec un empressement de valet de comédie, empilait des coussins derrière mon dos et derrière celui d’Yves. Quand il eut fini de nous installer confortablement, il alla s’accroupir dans un coin, ramassa une sorte de tambourin qui gisait là et se mit à en tirer une rumeur barbare, basse, sourde et rauque qu’il accompagnait d’un chant guttural si abrutissant que j’en fermais les yeux de fatigue. Je n’avais pas la force de parler et je serais resté indéfiniment ainsi à écouter cette lourde mélodie, quand la vieille reparut avec un plateau supportant quatre petites tasses de café, en même temps que sa maîtresse faisait son entrée.