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Naples à cette heure est chaude et poussiéreuse, sans compter que son dur pavé de lave est plutôt éprouvant. Malgré cela, Antoine a très bien supporté cette épreuve. Au retour, comme nous descendions la via Toledo, il a fait arrêter la voiture pour faire quelques pas à pied. Tout en flânant, nous sommes arrivés devant un de ces magasins d’écaille et de corail comme il n’en manque pas ici. Elles sont amusantes, ces boutiques. Toutes les nuances de l’écaille, de la plus brune à la plus blonde, y sont représentées et on y trouve toutes les diversités du corail, du rouge le plus vif au rose le plus tendre. J’ai demandé à Antoine la permission de faire là quelques menus achats. J’ai acheté une liseuse pour ma mère et quelques petites babioles pour Mme Subagny et pour Mme de Lérins. Une assez belle fille nous montrait les objets à choisir. Antoine la regardait d’un air sournois et attentif. Quand nous sommes partis, il s’est brusquement retourné pour la voir encore. J’ai surpris dans son œil le regard brutal et convoiteur de l’Antoine d’autrefois. Allons, allons, le gaillard va mieux et je crois qu’il commence à reprendre goût à la vie !


Nous sommes montés, un matin, Mme de Lérins et moi, à la Chartreuse de San-Martino. Pendant que notre voiture gravissait les pentes roides qui mènent à la Certosa, Mme de Lérins semblait triste et absente. Nous avons fait presque tout le trajet