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allés ainsi jusqu’à l’entrée du goulet. De là, l’Amphisbène à l’ancre faisait fort bon effet, avec sa coque blanche, sa cheminée, ses mâts, son air d’élégance et de force, avec sa flamme rouge sur laquelle se détache l’emblême fabuleux du serpent bicéphale dont il porte le nom, ce nom, désespoir de la bonne Mme Subagny, qui n’arrive pas à le retenir facilement et lui fait subir les transformations les plus cocasses.


6 juin. — Notre prochaine escale sera Naples, où nous nous arrêterons quelques jours.


7 juin, en mer. — Nous serons en vue de Naples demain matin. L’Amphisbène file ses onze nœuds avec régularité. J’ai eu une conversation avec Antoine Hurtin. C’était après le déjeuner. Il était étendu sur une chaise longue. Auprès de lui s’écroulait une pile de romans. Depuis qu’il est malade, il s’est mis à lire, lui qui n’ouvrait jamais un livre. Maintenant, il dévore trois ou quatre volumes par jour. Ce sont, la plupart du temps, des récits de voyages. Il y trouve une compensation à l’inactivité de sa vie, car la croisière qu’il accomplit doit être exclusivement une cure de grand air et de repos. D’ailleurs, je le trouve déjà mieux,