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À M. Jérôme Cartier, Burlingame.
San Francisco (États-Unis).

4, rue Gaston-de-Saint-Paul.

Paris, le 22 mai.

Mon cher Jérôme,

J’aurais dû vous adresser déjà la suite de ma dernière lettre, mais j’ai été très occupée, ces jours-ci, par des courses indispensables, celles qui précèdent toujours un départ. Je vais quitter Paris pour deux mois et ce voyage a nécessité des préparatifs que je viens seulement d’achever. C’est vous dire que j’ai accepté l’invitation de Mme  Bruvannes. Le 2 juin, je dois être à Marseille, où le yacht attend les invités qu’il doit promener sur la Méditerranée. Ces invités sont ceux que je vous nommais dans ma dernière lettre. Antoine Hurtin voulait y joindre un médecin, mais le docteur Tullier s’y est opposé formellement.

C’est donc à bord de l’Amphisbène que je vais m’embarquer : tel est, en effet, le nom du yacht qu’a loué Mme  Bruvannes. M. Hurtin, par un caprice que je ne comprends pas bien, a voulu absolument que le bateau fût débaptisé. Julien Delbray a donc été chargé d’être le parrain de l’ex-Néréide, devenue maintenant l’Amphisbène. C’est M. Delbray qui a proposé cette nouvelle appellation. Il paraît qu’un « amphisbène » était une sorte de serpent fabuleux, pourvu d’une tête à chacune de ses extrémités et qui s’avance également en avant et à reculons. Cette dernière particularité présente avec la marche d’un navire à vapeur une certaine analogie, qui justifie assez bien le nom trouvé par M. Delbray. Il n’en