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tissu de contradictions ? Prenons-en gaiement notre part et notre parti.

Affectueusement à vous :

Laure de Lérins.


À M. Jérôme Cartier, Burlingame.
San Francisco (États-Unis).

4, rue Gaston-de-Saint-Paul.

Paris, le 12 mai.

Mon cher Jérôme,

C’est encore moi et, ma foi, j’ai quelque honte à vous déranger si souvent par mes pattes de mouche ; aussi, ai-je bonne envie de ne pas vous parler de moi dans ma lettre. Que penseriez-vous d’une épître purement descriptive où je tâcherais de vous montrer que j’ai du style et de l’esprit ? Que diriez-vous si je vous envoyais quelque gentil morceau de ma façon ? Que penseriez-vous, par exemple, d’un petit tableau du mois de mai à Paris ? Attention ! Je commence.

Je savais bien que les premiers jours de l’été parisien sont délicieux et que c’est une saison exquise que celle-là sur les bords de la Seine. Je m’en étais aperçue, même lorsque j’étais enfermée au couvent de Sainte-Dorothée. Malgré l’étroite clôture où nous tenaient ces bonnes dames, l’été pénétrait néanmoins jusqu’à nous. Il nous faisait signe par un rayon de soleil plus doré à travers les fenêtres de l’étude ; il nous indiquait sa présence en agitant, au souffle de quelque douce brise