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ne sont pas en situation de satisfaire ce qu’il attend d’elles. Il s’adresse ailleurs, et s’en vante. Jamais je ne l’ai vu faire la cour à une femme mariée. Bergy n’a aucun goût pour désunir les ménages, ni même pour profiter de leur désunion, et il lui est arrivé de se dérober aux avances les plus marquées. Il dit volontiers qu’il n’a que faire d’une maîtresse obligée de combiner son existence en partie double, quand il y a tant d’aimables filles, libres de leur temps et de leurs actes, et qui ne demandent pas mieux que de se conformer à des habitudes auxquelles il entend bien ne pas renoncer.

D’ailleurs, par le métier qu’il exerce et par le genre de vie qu’il mène, Jacques de Bergy est fort bien placé pour ne point manquer d’occasions à mettre en pratique ses théories. Sculpteur de talent et noctambule convaincu, il fréquente le milieu le plus propice à ses aspirations. Bohème élégant et viveur aimable, il a un pied dans le monde des arts, un autre dans celui de la galanterie. Dans tous deux, il rencontre en abondance ces indépendantes qu’il prise tant et qui lui paraissent réaliser la perfection dans l’amour. Elles ne demandent pas mieux que d’accueillir un garçon gai et vigoureux qui, sans être riche, peut néanmoins, à l’occasion, se montrer gentiment serviable. Mais, à quelque catégorie qu’appartienne la personne sur laquelle Jacques de Bergy jette son dévolu, il procède toujours avec elle de la même façon. Après les ententes préliminaires, Jacques de Bergy, un beau