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Paris, je prétends y fréquenter la meilleure société. Pour cela, je dois mener une existence très régulière et qui ne prête à aucune insinuation malveillante. Je sais que ma situation est un peu délicate, mais on peut bien, que diable, n’avoir pas de mari et n’être pas pour cela une gourgandine ! L’inverse est, d’ailleurs, également possible. Ainsi cette chère Madeleine de Jersainville ! Je ne l’ai pas encore revue. En quittant les Guérets, elle est allée faire un tour à Monte-Carlo. D’ailleurs, je vous l’ai dit, je compte ne la voir qu’avec ménagement et ne me pas trop montrer en public en sa trop galante compagnie. À bientôt, mon cher Jérôme. Mes amitiés à Alicia. Je suis affectueusement votre amie.

Laure de Lérins.


À M. Jérôme Cartier, Burlingame.
San Francisco (États-Unis).

Hôtel Manfred, rue Lord-Byron.

Paris, le 28 février.

Mon cher Jérôme,

Depuis que je vous ai écrit, j’ai fait de grandes choses, dont la principale fut d’arrêter un appartement.

Je vous dirai, tout d’abord, qu’il n’est situé dans aucun des endroits de Paris que j’aime le mieux. Je n’habiterai donc ni dans une de ces belles demeures de la place Vendôme, dont j’admire tant la noble ordonnance Louis quatorzienne, ni dans un de ces vieux hôtels du temps de Louis XIII qui bordent la place des Vosges. Les hautes façades de pierre, pas plus que les pittoresques pavillons de brique n’abriteront votre ser-