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de ces divertissements nocturnes ; aussi, le temps raisonnable donné au couple Duckworth, éprouvai-je le besoin d’un peu de repos. L’occasion se présenta. J’avais télégraphié mon arrivée à mon amie Madeleine de Guergis, devenue, comme vous savez, comtesse de Jersainville. Madeleine n’était pas à Paris et devait séjourner jusqu’à la fin de décembre dans sa propriété des Guérets. Il va sans dire qu’elle m’invitait à aller la rejoindre pour y demeurer avec elle, le temps qu’il me plairait d’y rester. Son mari joignait à l’invitation un mot des plus aimables. Ma décision fut vite prise. Si je n’étais pas autrement pressée de lier plus ample connaissance avec M. de Jersainville, que je n’avais fait qu’entrevoir, lors du mariage de mon amie, j’avais hâte de revoir Madeleine de Guergis. De plus, l’automne de Touraine me tentait assez. Il est fort beau, très doux, très lent, et, vous savez, mon cher Jérôme, que j’aime les arbres jaunissants, les belles feuilles mortes dans les sentiers, l’odeur d’éther que répandent les bois à leur déclin. J’acceptai donc l’offre des Jersainville et je partis pour les Guérets, laissant les braves Duckworth épuiser seuls les joies de Paris.

Je ne vous ferai pas une description détaillée des Guérets. Je sais pourtant que vous la liriez avec plaisir, car le sens des affaires n’a pas atrophié en vous celui de la nature. Vous êtes grand amateur de futaies, de jardins et de châteaux. Vous possédez l’entente de la décoration et de la bâtisse et vous l’avez prouvé en faisant de Burlingame un endroit charmant. Néanmoins, je vous dirai simplement que les Guérets sont une agréable maison de campagne, mais qui n’a rien de somptueux et de particulier. Vous voilà donc un peu déçu, car vous vous attendiez probablement à ce qu’en Touraine, pays d’architectures historiques, je vous par-