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avons simplement procédé à une rectification de nos destinées. C’est une opération loyale et sage que nous avons accomplie en pleine liberté d’esprit et en parfaite entente. Cela laisse place entre nous à l’affection et à l’estime. C’est pour cela, comme je vous le disais au commencement de ma trop longue lettre, que j’ai grand plaisir à vous écrire et à penser à vous. C’est pour cela que je me souviens très amicalement de votre Burlingame, de ses prairies, de ses arbres, de sa belle vue.

Entre nous, même, je préfère votre cottage californien à cette propriété tourangelle des Guérets, dans laquelle je suis venue passer quelques semaines chez mon amie Madeleine de Jersainville, avant de regagner Paris, où je vais tâcher de m’installer convenablement un petit coin gentil. J’espère que vous viendrez m’y voir avec Miss Hardington, quand elle sera devenue la seconde Mme  Cartier, et que vous honorerez d’une visite notre vieille Europe. Vous y trouverez une amie fidèle, mon cher Jérôme, en votre amie dévouée,

Laure de Lérins.


À M. Jérôme Cartier, Burlingame.
San Francisco (États-Unis).

Hôtel Manfred, 56, rue Lord-Byron.

Paris, le 20 novembre.

Mon cher Jérôme,

Me voici à Paris, et je vous avoue que je suis bien aise d’y être. Je n’avais fait qu’y passer quelques jours,