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le mur qui clôt le jardin et surmontent les colonnes du portail. Ces nains, comiquement gibbeux ou ridiculement trapus, accoutrés à la mode du dix-huitième siècle, amusèrent fort Mme P… et ce fut en riant que nous suivîmes le portier. La Villa était inhabitée et le gardien ne fit aucune difficulté pour nous laisser pénétrer dans les appartements. Les charmantes fresques de Tiepolo, si fraîches et si vives, sont la parure de ces salles meublées à la moderne. Après nous être intéressés suffisamment aux aventures de Renaud et d’Armide, nous nous retrouvâmes dans le jardin, et nous allions regagner la voiture, quand le gardien nous ouvrit la porte d’un bâtiment bas qui se trouve non loin de la sortie.

Ce bâtiment est une sorte d’orangerie qui se compose d’une longue galerie, sur laquelle donnent un certain nombre de chambres plus ou moins meublées et qui, toutes, sont décorées de fresques tiepolesques. Au milieu de la galerie, un bâton, dont les extrémités reposaient aux dossiers de deux chaises, supportait, suspendues, de magnifiques grappes de raisins. La vieille Sophie s’extasiait sur cette vendange et était demeurée à la contempler en compagnie du gardien, avec qui elle avait lié conversation. Pendant qu’ils bavardaient, Mme P… et moi avions continué notre visite à travers les chambres. Elles n’avaient rien de très remarquable et les fresques qui les ornaient n’étaient pour la plupart pas de la main de Tiepolo. Une, cependant, nous retint. Elle représentait un jardin où