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ferai pas à Antoine cette visite que souhaite Mme Bruvannes. Certes, j’ai pardonné à Antoine sa trahison, je désire sincèrement qu’il guérisse, mais de là à reprendre des relations amicales avec lui !


7 février. — Non, décidément, je n’irai pas voir Antoine Hurtin, mais j’irai prendre de ses nouvelles auprès de Mme Bruvannes.


11 février. — Le portier de l’hôtel du quai Malaquais m’a reconnu : « Comment, c’est vous, monsieur Delbray… Mais oui, madame est chez elle. Elle ne sort plus guère depuis que M. le baron Antoine est malade. » Le vieux Luc, sa casquette à la main, me parle encore tandis que je traverse la cour et que le timbre d’annonce retentit. Dans le vestibule, les deux grands laquais se sont levés. L’un me prend mon pardessus, l’autre me débarrasse de ma canne.

Ah ! ce vestibule, avec ses colonnes et sa haute tapisserie tendue au fond, je l’ai traversé bien souvent pour gagner le petit escalier qui conduit directement à l’appartement d’Antoine ! En suivant le valet de pied qui me précède, je constate que rien n’est changé. Je traverse la grande galerie. Je sais que je vais être introduit dans le salon en rotonde où se tient d’ordinaire Mme Bruvannes. Voici la