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l’abbaye d’évolayne

griefs contre le moine, préférait se confier à lui plutôt qu’au prêtre simple et sans lumière qui l’avait confessée. Au cours de plusieurs entrevues, elle lui ouvrit son âme avec une sincérité parfaite.

Le père Athanase ne discerna guère dans sa conversion que des motifs humains. Mais il savait que Dieu n’emploie pas toujours pour toucher les cœurs des moyens surnaturels. La bonne foi d’Adélaïde était évidente. Elle désirait vraiment se laisser pénétrer par l’esprit du christianisme, agir et penser désormais en catholique.

Cela lui parut tout d’abord facile. Elle vivait selon les règles de la morale. Sa passion pour son mari était permise. Ses croyances nouvelles ne lui demandaient que de très légers sacrifices. Elle s’imposa le lever matinal pour la communion fréquente et reprit sans effort l’habitude de la prière. Elle se refusait encore à certaines pratiques.

— Le chapelet m’ennuie, avouait-elle. C’est toujours la même chose. Au bout de dix Ave, je m’embrouille…

Le père se montrait indulgent :

— Le chapelet a sa vertu, si monotone qu’il paraisse, mais peu importe, priez comme il vous plaira.

— Il est charmant, ce moine, disait-elle convaincue.

Et lui, à son tour, saluait en elle : « Une âme de bonne volonté. »

Leur entente dura peu. Le moine remarqua assez vite l’ignorance religieuse d’Adélaïde. Sa foi n’était encore qu’une simple adhésion du cœur, il exigea