Page:Régnier - L'abbaye d'Évolayne, 1951.djvu/71

Cette page a été validée par deux contributeurs.
59
l’abbaye d’évolayne

qu’à toute autre raison. S’il lui semblait suffisant d’adorer le Père en esprit et en vérité, elle convenait que cette adoration théorique restait sans force et sans chaleur. Si elle avait vécu au temps du Christ, elle se fût jetée à ses pieds pour lui demander une foi plus ardente. L’Église, par les sacrements, offrait à tous les fidèles accès auprès du Maître. Les doutes qui s’élevaient encore en elle pouvaient être vaincus par un seul acte d’humilité, de confiance. Elle se rendit compte qu’une conversion demandait une préparation, moins sommaire que celle qu’elle venait de faire si rapidement. Elle pensa qu’il serait bon de consulter son mari, le père Athanase, mais ses hésitations furent brèves, l’élan du cœur emporta tout. Un immense désir de réconciliation la possédait, car elle savait qu’elle ne serait vraiment en paix avec Michel que si elle lui revenait avec une âme nouvelle, entièrement soumise au Dieu qu’il servait.

Le soleil commençait à peine à décliner quand elle quitta les bois et monta, courant comme une biche, à l’abbaye. Les offices étaient finis, la nef déserte. Elle alla courageusement sonner à la porte de la sacristie, demanda un confesseur, sans désigner personne. Celui qui vint était un très vieux moine qui semblait assez borné. Il ne lui posa que de vagues questions sur les causes de son retour à Dieu. Elle avoua qu’elle désirait surtout suivre son mari en reprenant la pratique religieuse et que sa foi n’était pas encore bien vive.

— Le temps raffermira, dit-il. Vous avez senti que la vie et les plaisirs du monde ne pouvaient vous suffire. Vous allez comprendre les délices de