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III

L’abbaye d’Évolayne n’était point seulement un lieu de pèlerinage, mais un asile spirituel où, des contrées les plus lointaines, beaucoup d’hommes, prêtres et laïques, jeunes gens et vieillards venaient parfois s’enfermer durant quelques jours pour reprendre contact avec l’essentiel. La clôture les séparait du monde et de leurs souvenirs même. Les soucis quotidiens faisaient trêve, les cœurs allégés baignaient dans la douceur de Dieu. Dom Athanase affirmait qu’à toutes les âmes, froides ou ferventes, heureuses ou blessées, cette détente au sein du silence était toujours salutaire. Un matin, comme il attendait un groupe de retraitants, il engagea Michel à se joindre à eux et à passer toute une semaine à l’abbaye. Il avait fait cette proposition très simplement devant Adélaïde que son mari, visiblement tenté, consulta du regard. Elle ne manifesta ni surprise, ni hostilité, insista pour qu’il acceptât l’offre du père. Elle-même eût aimé pouvoir observer en s’y mêlant la vie des moines.

Durant l’absence de Michel, elle délaissa l’abbaye d’Évolayne pour celle d’Helmancourt qui, située à huit cents mètres plus loin, sur l’autre versant du coteau, abritait les filles de Saint-Benoît.