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l’abbaye d’évolayne

Elle se souleva légèrement, étendit les bras avec un vague sourire, puis sa tête retomba lasse sur l’épaule de son mari. Il dut se pencher pour recueillir sur ses lèvres quelques mots, balbutiés très bas :

— Trop tard !… crime inexpiable…

— Adé, reprit-il gravement, s’efforçant de lui communiquer sa foi, mon amie, ma pauvre enfant, il n’existe aucune faute ici-bas que le repentir vrai n’efface. Je suis un homme imparfait et dur, mais je suis prêtre, j’ai le pouvoir d’absoudre toute âme qui regrette et qui pleure. Comme je vous pardonne en mon nom la souffrance qui me vient aujourd’hui par vous, je puis vous pardonner au nom du Christ, vous réconcilier avec votre créateur qui est plus tendre encore pour vous que moi.

— Je vois, dit-elle. Vous voudriez m’entendre en confession. Mais j’ai peur d’un nouveau sacrilège. Encore une fois je vous prendrais pour Dieu.

Il dit timidement, s’excusant presque :

— J’ai appelé le père Athanase.

Elle prit sa main et la baisa dans un élan de soumission profonde.

— Je ferai ce que vous voudrez, dit-elle avec une tendre faiblesse. Si vous désirez que je me confesse à vous ou à tout autre, j’y suis prête. Mais quelle valeur aura cet acte accompli pour vous complaire ? Oh ! Michel, vous avez été ma folie, mon but unique et si l’amour humain est condamné, je n’ai pas de rédemption à attendre, car je me présenterai dans l’éternité pauvre de tout, riche de ce seul amour.

Elle se tut et quelques instants passèrent. Le