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II

Le jour de l’ordination s’écoula pour Adélaïde dans une sorte d’extase où elle oublia sa vie. Projetant au loin son âme, elle assista vraiment à la cérémonie qui se déroulait au monastère d’Évolayne, Elle en suivit les moindres détails, en ressentit toutes les émotions. Elle fut sans cesse aux côtés de Michel et, subissant déjà l’influence de sa présence, elle se persuada qu’il saurait, le lendemain, éclairer toutes les ombres où elle se débattait.

L’heure vint enfin où, agenouillée dans les stalles à sa place ordinaire, elle aperçut le bien-aimé qui, revêtu des ornements sacerdotaux, s’avançait vers l’autel. La messe ce matin-là fut célébrée avec une pompe particulière. Le père Athanase assistait l’ami qui pour la première fois accomplissait les rites sacrés. À travers la grille qui coupait en deux la nef, séparait les moniales du chœur, à travers les larmes qui brouillaient son regard, Adélaïde, suivant les gestes de son mari, le voyait mal. Elle avait l’impression de vivre au milieu d’un orage. Par moments, comme sous un brusque éclair, elle distinguait nettement la haute silhouette de Michel, sa tête ceinte de la tonsure en couronne, son visage quand il se tournait vers l’assistance, les