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l’abbaye d’évolayne

la vie du monde à celle du cloître. Peu à peu tout s’équilibrera lorsque nous serons loin d’ici. Nous resterons des chrétiens, mais tout de même, nous vivrons…

Elle souhaitait follement partir. Ils étaient depuis trois mois à Évolayne. Septembre allait finir. Michel, reposé par ces longues vacances, pouvait reprendre ses occupations ordinaires. Elle osa lui parler du retour. Il se troubla plus encore qu’elle ne l’avait prévu.

— Je pensais, balbutia-t-il, que nous pourrions prolonger notre séjour jusqu’à la fin d’octobre. Le père Athanase dit que l’automne est admirable ici et vous aimez tant cette saison.

Elle ne fut pas dupe de cette ruse par laquelle il essayait de la séduire. Et lorsqu’il ajouta presque timidement :

— En somme, rien ne nous oblige à rentrer.

Elle objecta d’un ton ferme :

— Vos malades !

Il avoua avec une gêne croissante :

— J’ai écrit à mon remplaçant. Il consent à me suppléer aussi longtemps que je le voudrai. J’ai toute confiance en lui.

— Prenez garde qu’il n’attire définitivement à lui votre clientèle.

Il ne comprit pas, ou ne voulut pas comprendre sa pensée et, la regardant avec ironie :

— Avez-vous donc un tel besoin d’argent pour que la perte de quelques clients vous apparaisse comme un désastre irrémédiable ?

— Il ne s’agit pas d’argent, riposta-t-elle, blessée qu’il lui prêtât des préoccupations si misérables. Je songe à vous simplement. Je désire que votre