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FIGURES ET CARACTERES 309

tine l’abrita dans ses demeures vaporeuses. Musset la fit asseoir à sa table sous la tonnelle et le pampre. Gautier la para de camées et d’émaux. Vigny la conduisit aux hautes solitudes et la voulut retenir dans sa Maison du Berger, mais elle s’échappa, courut les chemins, fit de mauvaises rencontres.

C’est ainsi que, vagabonde et errante, la rencontrèrent les Parnassiens de 1864. Ils voulurent réformer la belle abandonnée et l’enrichir de leurs dons. Il la vêtirent de beaux habits régulièrement taillés et solidement cousus. Leconte de Lisle lui offrit le miroir antique et la para de bagues barbares. Baudelaire la parfuma d’essences précieuses. Théodore de Banville lui mit aux mains un bouquet de fleurs joyeuses. Tous lui construisirent un beau palais aux salles choisies. Elle s’accoutuma à ces soins ingénieux et à ces aises nouvelles et, la tête appuyée sur un oreiller de strophes moelleuses, elle finit par s’endormir d’un profond et nouveau sommeil.

On nous a habitués à considérer l’École Parnassienne - disons plus familièrement le Parnasse, de même que nous dirons tout à l’heure le Symbolisme au lieu de l’École Symboliste - comme une réaction contre le Romantisme ou du moins contre ses excès, c’est-à -dire contre les mau-