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pole et, sur ce rocher, un temple en ruine qui se nomme le Parthénon.




J’y suis monté ; j’ai foulé les hautes marches de marbre ; j’ai franchi les Propylées ; j’ai salué le petit temple de la Victoire ; je me suis incliné devant les cariatides de l’Erechthéion ; j’ai suivi des yeux les colonnes sacrées qui soutiennent le fronton du Parthénon ; j’ai pénétré dans sa cella. J’éprouvais un sentiment profond de calme et de bonheur, celui qu’on ressent à se trouver dans un lieu d’harmonie et de perfection. Aucune fièvre, aucune exaltation, mais une sorte d’euphorie spirituelle et silencieuse, d’optimisme grave, une espèce de transport intime où l’admiration se transforme en un bien-être presque physique. À cet état se mêlait un peu d’orgueil, celui que cause la présence d’une parfaite réussite humaine à laquelle, un instant, humblement, on participe en tant qu’homme et d’où nous vient une lointaine, une mystérieuse, une égoïste fierté.

Le sol était jonché de fragments de marbre. Je me suis baissé ; j’en ai ramassé un éclat. Il était très blanc, lourd, brillant, tiède d’avoir été chauffé par le soleil, pur. Dans la paume