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1914-1916

« Vaincus, tendez vos mains ; vaincus, courbez vos cous
« Debout, fils d’Attila, car la France est à nous ;
« Et que, percée au cœur, on la prenne à la gorge !
« N’entends-tu pas déjà les chaînes qu’on te forge ?
« Déjà saigne ta chair et déjà dans ton sang,
« Dans le plus héroïque et le plus innocent,
« Nous avons largement lavé nos mains brutales.
« Voici crouler tes forts avec tes cathédrales
« Et le fer et le feu ravagent tes cités,
« Et bientôt passera sur tes champs dévastés
« Le galop triomphal de nos hordes guerrières,
« Et rien ne restera de toi, même les pierres ! »
Mais tandis que montait au ciel, avec fureur,
La sinistre, farouche et barbare clameur,
S’élevait, en réponse à cette voix haineuse,
La chanson d’Aisne-et-Marne au chant de Sambre-et-Meuse.