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1914-1916


« Mais aujourd’hui le sang qui coule dans mes veines
Ne jaillit plus vermeil de mon sein refermé,
Et je sens peu à peu renaître mes chairs saines
Et la force revient à mon bras désarmé ;

« Mon cœur qui, dans les jours d’assaut et de bataille,
Battait farouchement et me dressait debout,
D’un bond furieux, sous la balle et la mitraille,
N’est plus ce cœur brutal et brusque, ce cœur fou…

« Maintenant me voici pareil aux anciens hommes,
Semblable à ceux d’hier, semblable à ceux d’avant,
Et pour moi le sommeil a remplacé les sommes.
Me voici, de nouveau, redevenu vivant :