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POÉSIES


Eternisant son nom avecq’maint haut ouvrage,
Au futur il laissa mille poignants regrets
De ne pouvoir attaindre, ou de loin, ou de près,
Au but où le porta l’étude et le courage.

On dit, et je le croy, qu’Apollon fut jaloux,
Le voyant comme un Dieu révéré parmi nous ;
Et qu’il mist de rancœur si-tost fin à sa vie.

Considère, passans, quel il fust icy-bas :
Puisque sur sa vertu les dieux eurent envie,
Et que tous les humains y pleurent son trespas.

ÉPITAPHE DE REGNIER,
FAITE PAR LUI-MÊME**.

J’ay vescu sans nul pensement,
Me laissant aller doucement
t A la bonne loy naturelle ;
Et je m’estonne fort pourquoy
La mort osa songer à moy.
Qui ne songeay jamais en elle.

    • Le P. Garasse, jésuite, qui rapporte ces six vers dans

ses Recherches des recherches ^ p. 648, dit que Régnier « se bâtit jadis cette épitaphe à soi-même en sa jeunesse débauchée, ayant désespéré de sa santé, et estant, comme il pensoit, sur le point de rendre Tâme. »