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SATYRE IV.

Et me prenant au nez, loucher ^^ dans un bassin , Des ragousts qu’un malade offre à son médecin ; En dire mon advis , former une ordonnance , D’un réchape s’il peut , puis d’une révérence , Contre-faire Thonneste , et quand viendroit au point, Dire , en serrant la main , dame il n’en falloit point *^. Il est vray que le ciel , qui me regarda naistre , S’est de mon jugement tousjours rendu le maistre ; Et bien que , jeune enfant, mon père me tansast *^, Et de verges souvent mes chansons menassast , Me disant de despit , et bouffy de colère : Badin , quitte ces vers , et que penses-tu faire ? La muse est inutile ; et si ton oncle *^ a sceu S’avancer par cet art, tu t’y verras deceu. appelée teston parce qu’elle représentoil au revers la tête du roi.

  • 2 Loucher^ regarder de près , comme font ceux qui voient

louche.

  • ^ DirCj en serrant la main y dame il n*en falloit poijit.’] Rabelais,

liv. III,chap. 33 (c’est le chap.34 des bonnes leçons de Rabelais), parlant du médecin Rondibilis , dont le vrai nom était Rondelet , dit que Panurge , le voulant consulter, luy , mit à la main, sans mot dire, quatre nobles à la roze, qui etoient quatre pièces d’or. Rondibilis les print très-bien , puis lui dit en effroy, comme indigné : Hé , hé, hé, monsieur ! il ne falloit rien. Grandmercy, toutefois; de meschantes yens jamais je ne prends rien, etc.

•* Et bien que, jeune enfant, mon père me tansast. Saspc pater dixit : Studium quid inutile tentas? Mœonides nullas ipse reliquit opes. OviD., Tm/. IV.

  • ^ Philippe Des Portes , oncle de Régnier, poêle fameux

sous le règne de Charles IX et d’Henri III. Le métier de la poésie lui avoit fait une fortune à laquelle aucun autre poète n’est peut-être jamais parvenu. Claude Garnier, dans s^Muse. infortunée^ et CoUetet, rapportent que Charles IX donna àj