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Les heures, fol essaim ! sont mortes, une à une,
Comme les fleurs, comme les jours, comme les rêves,
Et le reflux du Temps a dénudé les grèves,
Et le vent a chassé les sables de la dune ;

La poussière des soirs s’envole en l’ombre avide
De cette vanité qu’un souffle épars emporte,
Cendre amère du fruit maudit d’une mer morte
Où gît la Cité d’or mystérieuse et vide ;

Le Rouet a filé la laine des vains songes,
Le métier a tissé l’étoffe que tu ronges,
Ô temps, nul n’a vêtu la robe qui s’effile,

Et le glaive, tenu d’un geste de statue
Par l’Archange, a marqué de son ombre inutile
Le cercle lent que l’heure implacable évolue.