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LA VAINE VENDANGE

Un sang miraculeux saigne dans les calices
D’où déborde en caillots la pourpre des rubis,
Et voici s’allumer aux soirs des sacrifices
Les cierges, blancs comme la toison des brebis !

Du trésor opulent des laines de la tonte
Nous avons façonné par le soin de nos mains
Des ceintures d’opprobre et des robes de honte
Que nos Épouses traînèrent par les chemins ;

Leurs lèvres où s’ouvrait la rose des sourires
Ont fleuri leurs parfums pour d’autres que pour nous,
Et les doigts enhardis et velus des Satyres
Ont manié le poids de leurs cheveux d’or roux,