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ÉPISODES




L’épanouissement des sèves estivales
Éclate maintenant en feuillages divers !
Un vent, sur des eaux mortes, intactes et pâles,
Ainsi que las d’avoir erré, monte au travers
Du perplexe repos des verdures rivales.

Le Verger s’engourdit mystérieux et dort
Sous le poids du soleil, de l’heure et du silence,
Et d’entre les rameaux que ne meut nul essor
D’ailes et que pas une brise ne balance
Dardent de grands rayons comme des glaives d’or.

Par l’air une senteur vaguement flotte et rôde :
Moiteur de seins, sommeil de chair, afflux de sangs,
Tous les parfums sués par la terre âpre et chaude.
Et sur les larges fleurs grasses de sucs puissants
Bourdonne un or vibrant d’abeilles en maraude.